Création

 

Trakl Lied, quatuor à cordes no 4 avec soprano
oeuvre en création mondiale

William Blank , compositeur

William Blank est né à Montreux en 1957.

Son activité de compositeur débute avec la commande de ses Hesse Lieder (1977) pour soprano et ensemble, créés à l'occasion de l'inauguration du Studio Ernest Ansermet de la Radio Suisse Romande.

En 1985, ses Canti d'Ungaretti pour contralto et 9 instruments sont sélectionnés par la Tribune Internationale des Jeunes Compositeurs de l'UNESCO. William Blank est ensuite bénéficiaire de la Bourse de la ville de Genève, ce qui lui permet d'achever sa première oeuvre pour grand orchestre, Omaggi , mise au programme d'une tournée mondiale de l'Orchestre de la Suisse Romande (OSR) en 1987. Depuis, son catalogue s'est enrichi de nombreuses oeuvres pour toutes formations.

Aujourd'hui, William Blank enseigne la composition, l'orchestration, l'analyse et la musique de chambre contemporaine au Conservatoire de Lausanne Haute Ecole de Musique. Ses oeuvres sont jouées en Suisse, en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Suède, en Belgique, en Angleterre, ainsi qu'au Japon et aux Etats-Unis dans des salles prestigieuses comme le Victoria Hall de Genève, le KKL de Lucerne, le Palais de Beaulieu de Lausanne, la Tonhalle de Zürich, le Zaal Koningin Elisabeth d'Anvers, le Gewandhaus de Leipzig, Le Musikverein de Vienne, le Festpielhaus de Salzburg, ou le Suntory Hall de Tokyo. Des chefs d'orchestre comme Armin Jordan , Zsolt Nagy, Fabio Luisi , Heinz Holliger, Antony Wit , Olivier Cuendet ou Pinchas Steinberg ont dirigé ses oeuvres.

Comme chef et compositeur, il collabore de manière privilégiée avec l'Ensemble Contrechamps, ainsi qu'avec le quatuor Sine Nomine , le Amar Quartett , le Collegium Novum Zürich, le pianiste David Lively , les cantatrices Rosemary Hardy et Natalia Zagorinskaja , le violoncelliste François Guye ou encore l'Orchestre de la Suisse Italienne , l'Orchestre du Mitteldeutscher Rundfunk , l'Orchestre symphonique de Bienne, le Tokyo Symphony Orchestra ou les musiciens des Swiss Chambers Concerts, comme Daniel Haefliger , Felix Renggli et Heinz Holliger qui ont commandé et créé Wounds à Zürich, Bâle et Genève en 2003.

En 2001, il a reçu le Prix BCV pour l'ensemble de son oeuvre, puis, dans le cadre de sa résidence à l'Orchestre de la Suisse Romande , il a écrit Exodes , dédié à Kofi Annan , qui fut créé en octobre 2003 à l'occasion de la journée mondiale des Nations Unies à New York. Il a donné une master class autour de cette oeuvre à la Juilliard School of Music. Deux CD monographiques lui ont été consacrés, magnifiquement accueillis par la critique. En 2005, il est bénéficiaire de la bourse de la Fondation Leenaards . Ses oeuvres sont éditées aux Editions Papillon.


Trakl Lied

(2007)

(quatuor à cordes n° 4, avec soprano)

 

Mon quatuor à cordes avec soprano met en musique le poème de Georg Trakl (1887-1914) intitulé Einklang (accord). Il constitue le troisième et dernier volet du « Livre pour Quatuor à Cordes » que j'ai initié avec Satz (2005) et poursuivi avec Traces (2006).

 

D'un seul tenant, il puise une partie de sa substance dans les deux précédents "quatuors-mouvements" dont il est en quelque sorte l'aboutissement. Un motif isolé (huit notes en pizzicato) qui se superpose à la réactivation-variation du passage central de Traces (en sons harmoniques) sert de point de départ, comme une évocation des "sons très clairs dans les airs raréfiés" avant que "le souvenir de compagnons perdus" ne réoriente provisoirement le discours vers une couleur plus sombre et des lignes plus nostalgiques et douloureuses. Ressurgissent alors par endroits, de manière voilée et en phrases à peine reconnaissables, les restes de la thématique - passés au filtre de la suggestion poétique - avant que les motifs, entendus maintenant dans un allègement de la matière sonore, ne mènent à un épisode final aux sonorités épurées - ou du moins, renonçant à la forte expressivité qui caractérisait les deux mouvements antérieurs.

 

La voix de soprano, elle, est tendue comme un arc au dessus des quatre voix de cordes, privilégiant la tessiture aiguë, voire suraiguë, dans une quête d'absolu, de dépassement de la réalité terrestre qui veut témoigner de l'élévation de l'âme "vers des cieux plus lointains" et qui la conduit, au terme d'un parcours peu à peu libéré du poids de la condition humaine, à "parfaire des soleils à l'infini renouvelés" .

 

L'oeuvre est dédiée à mon commanditaire et ami Eric Ballard et aux membres du Quatuor Sine Nomine.